PARIS (EJP)—Le Congrès juif européen (CJE) a appelé les responsables de la Premier League anglaise de football à suspendre le joueur Français Nicolas Anelka, l’accusant d’avoir fait un geste ‘’antisémite’’ pour célébrer un but qu’il a marqué.
L’ancien attaquant de l’équipe de France qui joue à West Bromwich Albion a fêté le premier de ses deux buts samedi contre West Ham (3-3) en championnat d’Angleterre d’une “quenelle”, geste – un bras tendu vers le bas et l’autre croisé à travers la poitrine. Ce geste, considéré comme étant un salut nazi inversé et donc antisémite, a été créé par l’humoriste français controversé Dieudonné et imité par ses fans.
Dans un communiqué, le président du CJE, Moshe Kantor, appelle à ce que Nicolas Anelka soit suspendu”.
“Ce salut n’est qu’un salut nazi moins connu, et nous attendons des autorités qu’elles prennent la même sorte de sanctions que si Anelka avait fait l’infâme salut le bras tendu”, a-t-il ajouté.
“C’est écoeurant qu’un footballeur d’une telle renommée ait fait un tel geste injurieux et haineux devant des dizaines de milliers de spectateurs”.
“Il ne devrait pas y avoir de place pour une telle intolérance et un tel racisme dans le sport, et nous attendons des responsables de la Premier League anglaise, tout comme de la police, qu’ils infligent à Anelka la punition adéquate”, dit Moshe Kantor.
Nicolas Anelka a expliqué via son compte Twitter que sa “quenelle” avait “juste” été une “dédicace à (son) ami humoriste Dieudonné”.
À quelques jours d’une nouvelle tournée de Dieudonné, le ministre français de l’Intérieur, Manuel Valls, s’est dit déterminé à empêcher ses spectacles relevant, selon lui, d’une “mécanique de la haine”.
Dieudonné M’Bala M’Bala (son nom complet), né en 1966 d’une mère française et d’un père camerounais, rendu célèbre dans les années 90 par ses sketches avec l’humoriste juif Élie Semoun, a suivi un parcours singulier, exprimant de plus en plus ouvertement des positions antisémites.
Il s’est rapproché du parti d’extrême droite Front national, dont l’ancien leader, Jean-Marie Le Pen, est le parrain de l’un de ses enfants. ouvertement racistes et antisémites.
Dans les années 2000, il entame sa radicalisation sur le thème d’un antisionisme de plus en plus nauséabond et antisémite.
En décembre 2003, sur le plateau d’une émission de Marc-Olivier Fogiel, sur France 3, il apparaît grimé en juif religieux exécutant le salut nazi au cri de “IsraHeil”. Même s’il est relaxé deux ans plus tard, il est déjà devenu aux yeux de beaucoup, dont Élie Semoun, un “Le Pen de gauche”. Il est peu à peu mis à l’index des médias et continue sa carrière par ses propres moyens : son théâtre à Paris et, de plus en plus, Internet.
En juin 2004, il se présente aux européennes sur une liste Euro-Palestine, qui obtient 1,83 % des suffrages en Île-de-France. Quelques mois plus tard, il rompt avec ce mouvement pour ne pas, dit-il, diviser “la résistance palestinienne”. En février 2005, il déclenche une nouvelle polémique en évoquant, à Alger, “la pornographie mémorielle” qui prévaudrait, selon lui, autour de la mémoire de la Shoah. Le 11 novembre 2006, Dieudonné effectue son premier rapprochement officiel avec Jean-Marie Le Pen à la Fête bleu-blanc-rouge du Front national au Bourget. Une partie de l’état-major du FN s’affiche peu après à l’un de ses spectacles.
Le 26 décembre 2006, il invite le négationniste Robert Faurisson sur scène, lors d’un de ses spectacles. En 2008, Jean-Marie Le Pen devient le parrain du quatrième enfant de Dieudonné.
Le 22 avril 2010, plusieurs associations antiracistes réclament des poursuites pénales contre Dieudonné, qui, dans une vidéo, s’en prend au journaliste Éric Zemmour et affirme que “les plus gros escrocs de la planète sont tous des Juifs”. En juin, il est condamné à 5 000 euros d’amende pour des propos jugés diffamatoires envers la Licra. Le 15 janvier 2012, il présente, dans son théâtre parisien de la Main d’or, son premier long-métrage, L’antisémite, dont il joue le rôle principal. Robert Faurisson y joue son propre rôle.
En novembre dernier, il est condamné en appel à 28 000 euros d’amende pour diffamation, injure et provocation à la haine et à la discrimination raciale, en raison notamment d’une chanson diffusé sur Internet et intitulée “Shoah nanas”. Dans son spectacle à la Main d’or, il s’en prend au journaliste Patrick Cohen en lançant notamment : “Quand je l’entends parler, Patrick Cohen, je me dis, tu vois, les chambres à gaz… Dommage.” Radio France a saisi la justice.