BRUXELLES (EJP)—Le parlement européen va débattre cette semaine lors de sa session plénière à Strasbourg de la question d’une reconnaissance par l’Union européene d’un Etat palestinien.
Les députés européens doivent se prononcer jeudi sur un projet de résolution présenté par le groupe de l’Alliance progressiste des Socialistes et Démocrates (S&D), le deuxième plus grand du parlement, appelant à la reconnaissance d’un État palestinien.
La gauche radicale européenne a d’ores et déjà pris position en faveur de la résolution. ‘’ Le Parlement européen a le devoir de reconnaitre la Palestine comme différents parlements nationaux au sein de l’UE le font’’, a déclaré la GUE/NGL dans un communiqué.
‘’C’est un première et un événement historique de proposer cette résolution au Parlement européen’’, a déclaré Gilles Pargneaux, eurodéputé socialiste français et membre de la commission des Affaires étrangères du Parlement européen, à l’origine de la proposition.
Le vote du parlement européen intervient après la décision du gouvernement suédois de centre-gauche en octobre de reconnaître officiellement un État palestinien, devenant le premier pays membre de l’UE à prendre cette position.
En octobre également, la Chambre des communes britannique avait adopté un texte demandant au gouvernement de reconnaître l’État palestinien, suivi par les parlements d’Espagne et d’Irlande. En France, un projet de résolution socialiste en ce sens sera débattu et voté le 27 novembre à l’Assemblée nationale et en décembre au Sénat.
La responsable de la politique étrangère de l’Union européenne, Federica Mogherini, qui s’était rendu en visite en Israël et dans les Territoires Palestiniens le mois dernier et qui répondra aux questions des eurodéputés mercredi, avait déclaré notamment dans la presse qu’elle serait ‘’ heureuse si, au terme de [son]mandat, l’État palestinien existait ‘’.
‘’ Si cette résolution est adoptée, ce sera un grand pas en avant vers la reconnaissance par l’Europe d’un État palestinien, même si le Parlement européen n’a pas de compétence décisionnelle en matière d’affaires étrangères’’, a déclaré Gilles Pargneux qui a expliqué son initiative : ‘’Face à la reprise de la colonisation en Cisjordanie et la recrudescence des violences à Jérusalem-Est, nous devons envoyer un signal politique fort. La reconnaissance de l’Etat de la Palestine doit permettre un apaisement durable entre Israéliens et Palestiniens’’.
Le vote de cette résolution n’est toutefois pas contraignant pour les Etats membres.
Parmi les autres groupes politiques du Parlement européen, la concertation est toujours en cours afin d’élaborer une résolution commune, ont confirmé différentes sources. La décision et les consignes de votes seront prises entre le 24 et 26 novembre, jour du débat.
La gauche radicale (GUE/NGL, 52 membres), les socialistes (S&D, 191 membres) et les Verts (Greens/EFA, 50 membres) sont largement favorables à la résolution, tandis que le PPE (Chrétiens-Démocrates), le principal groupe du parlement (221 membres), devrait majoritairement y être opposé tout comme les Conservateurs et Réformistes (ECR, 70 membres) alors que les libéraux (ALDE, 67 membres) sont divisés sur le sujet.
Les eurodéputés, issus des partis d’extrême droite et eurosceptiques, pourraient faire pencher la balance.
L’ambassadeur d’Israël auprès de l’Union européenne, David Walzer, a estimé qu’un vote du parlement européen en faveur d’une reconaissance ne contribuerait pas à amener Israël et les Palestiniens à la table de négociation mais au contraire aurait pour effet de séparer les parties.
Il a averti qu’un vote favorable du parlement européen serait conidéré comme une ‘’décision anti-israélienne de l’Europe’’.
Le porte-parole du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, Mark Regev, a souligné lors d’une rencontre avec des journalistes européens en visite en Israël qu’au lieu de pousser en avant le processus de paix, une telle initiative ”conduirait à le saper”.