BRUXELLES (EJP)—Le bourgmestre (maire) de la Ville de Bruxelles, Yvan Mayeur, a décidé de ne pas se rallier à l’appel de son collègue d’Etterbeek Vincent De Wolf adressé au gouverneur de l’arrondissement de Bruxelles-capitale pour que celui-ci prenne un arrêté d’interdiction d’une manifestation antisémite couvrant l’ensemble du territoire de la Région.
Cette manifestation aura lieu dimanche à l’initiative de “Debout les Belges”, le mouvement du député antisémite Laurent Louis. Y sont attendus quelques figures françaises de l’antisémitisme, dont certaines ont été condamnées par la justice notamment Alain Soral, Johan Livernette, Kémi Séba ainsi que l’humoriste Dieudonné.
Le lieu où se tiendra ce qui est présenté comme le “Congrès européen de la dissidence” organisé dimanche, le 4 mai, ne sera communiqué aux participants que quelques heures avant le début de la réunion. Les bourgmestres bruxellois ne peuvent donc prendre un arrêté interdisant la manifestation, a estimé M. De Wolf pour justifier son appel au gouverneur de Bruxelles.
“L’appel de Vincent De Wolf n’a pas beaucoup de sens dans la mesure où le gouverneur agirait par défaut d’initiative du bourgmestre. J’ignore ce que M. De Wolf va faire si cela concerne sa commune, mais moi je me tiens prêt à prendre des mesures”, a indiqué le maire de Bruxelles.
Selon Yvan Mayeur, le gouverneur de Bruxelles pourrait mobiliser les policiers en cas d’incident, mais il ne pourrait pas décider d’interdire la manifestation à la place des bourgmestres.
Quoiqu’il en soit, la Ville prépare des mesures, en ce compris sur le plan juridique pour pouvoir interdire la manifestation en dernière minute si nécessaire, a-t-il dit.
de la tenue de cette manifestation.
La Ligue belge contre l’antisémitisme a averti les bourgmestres des 19 communes de la tenue de cette manifestation.
‘’L’organisation de cet événement qui est destiné à devenir la Journée de la Haine, c’est une ligne rouge qui est franchie et il est nécessaire de réagir fortement et si possible d’obtenir l’interdiction de cette ‘’Foire du Livre antisémite’’, a expliqué le président de la Ligue, Joël Rubinfeld.
“Je ne peux envisager que, dans ma ville, ait lieu le premier congrès antisémite depuis la fin de la IIe Guerre mondiale”, a-t-il souligné.
Dans un communiqué diffusé mercredi, le Comité de Coordination des Organisations Juives de Belgique (CCOJB) dit avoir entrepris ‘’toutes les démarches politiques et juridiques pour sensibiliser nos responsables à la commission, évidemment prévisible, d’actes prohibés par la Loi et à l’image qu’ils donneront d’eux-mêmes, de l’autorité judiciaire, de Bruxelles et de notre pays si ce forum délirant d’antisémitisme devait se tenir’’.
Le CCOJB remercie les autorités politiques qui se sont déjà déclarées en ce sens. ‘’Il s’agit ici d’une obligation de résultat. Dans le cas contraire, un signe ‘’dramatique et inacceptable de la dégradation de nos valeurs essentielles sera donné’’, dit l’organisation qui rappelle que l’antisémitisme ’’n’est pas une opinion mais un délit et n’a rien à voir avec un débat sur la libre expression’’.