VARSOVIE – Le président polonais, Andrzej Duda, va devoir décider s’il signe ou non la loi controversée adoptée par le Sénat qui criminalise toute discussion à propos de la complicité polonaise avec l’Holocauste nazi.
Duda est maintenant au début d’une période de 21 jours au cours de laquelle il doit choisir de signer le projet de loi, d’y opposer son veto ou de le renvoyer devant le Tribunal constitutionnel polonais.
Plusieurs organisations juives ont exhorté le président d’opposer son veto au projet de loi.
Duda n’a pas dit s’il signerait le projet de loi, mais son porte-parole a déclaré à la radio publique polonaise: “Le président estime que la Pologne, comme tout autre pays, a le droit de défendre sa réputation, a le droit de défendre la vérité.”
Le bureau de Duda a souligné qu’il distingue ceux qui utilisent le faux terme “camp de la mort polonais”, qui selon lui devrait être puni, et ceux dont “la mémoire personnelle ou la recherche historique dit la vérité sur les crimes et le comportement honteux qui ont eu lieu dans le passé’’.
Jaroslaw Kaczynski, le président du parti conservateur au pouvoir Loi et Justice (PiS), a déclaré à la radio publique samedi que Duda doit signer la loi,
“Il devrait la signer.Nous devons parler à nos alliés d’une manière qui leur permettrait de comprendre que nous n’avons pas l’intention de renoncer à notre dignité’’, a-t-il dit.
Dudaest considéré comme un pragmatique et modéré. Il n’est pas attiré par les provocations et cherche à défendre la position internationale de la Pologne. Il a bloqué et adouci les initiatives législatives anti-démocratiques du gouvernement actuel.
Dans des déclarations précédentes, Duda a montré une position nuancée sur le rôle du peuple polonais pendant l’Holocauste.
La controverse autour de cette loi a provoqué des tensions dans les relations entre Israël et la Pologne, habituellement très bonnes, Varsovie étant l’un des meilleurs soutiens d’Israël au sein de l’Union européenne.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a déclaré: “La loi est sans fondement. Je m’y oppose fortement. On ne peut pas changer l’histoire et l’Holocauste ne peut être nié. ”
L’ambassadeur d’Israël à Varsovie, Anna Azari, a déclaré qu’il y a eu une vague d’attaques verbales antisémites en Pologne dans les jours qui ont suivi le vote du projet de loi. “Au cours des derniers jours, nous n’avons pu nous empêcher de remarquer une vague de déclarations antisémites, atteignant l’ambassade par tous les moyens de communication”, a ajouté l’ambassade, ajoutant qu’Azari était personnellement visée dans de nombreux messages.
Entre-temps, soixante et un membres de la Knesset, le parlement israélien, ont coparrainé une nouvelle législation selon laquelle l’exonération de l’implication de la Pologne dans les crimes contre l’humanité pendant la Seconde Guerre mondiale sera considérée comme une forme de négation de l’Holocauste.
Cette nouvelle législation a été initiée en réaction directe à la loi votée par le Sénat polonais.
Le projet de loi a été co-parrainé par des parlementaires de plusieurs partis politiques : Likoud, Foyer juif, Union Sioniste, Yisrael Beiteinu et Yesh Atid.
Inclus dans le projet de loi est un amendement qui fournirait une aide juridique à tout survivant ou éducateur de l’Holocauste qui est accusé d’avoir enfreint une loi étrangère pour raconter des faits ou des récits personnels de la Seconde Guerre mondiale, y compris toute information prouvant la complicité polonaise.
Le Sénat polonais a adopté un projet de loi mercredi en utilisant l’expression “camps de la mort polonais” ou toute autre langue suggérant que la Pologne avait une responsabilité pour les crimes contre le peuple juif pendant l’Holocauste, passible d’une peine maximale de trois ans de prison.
Malgré les pressions d’Israël et des Etats-Unis, les observateurs estiment que le projet de loi devrait être promulgué par le président polonais