Vers un record de l’aliyah de France en 2014 ?

PARIS (EJP)—L’immigration des Juifs de France en Israël va sans doute battre un record cette année. L’Agence juive, chargée de l’immigration juive vers Israël, a indiqué que le nombre de départs avait été multiplié par quatre entre le premier trimestre 2013 et le premier trimestre 2014.

Rien qu’au cours du premier trimestre 2014, 1.407 Juifs de France ont fait leur aliyah (“ascension” en hébreu), contre 353 au premier trimestre 2013, selon le bureau en France de l’Agence juive.

Cette tendance fait suite à une année de nette hausse, 3.280 personnes ayant émigré de France vers Israël en 2013 contre 1.907 en 2012, soit une augmentation de plus de 70%.

“On ne finira pas l’année 2014 avec quatre fois plus de migrants qu’en 2013, mais si on continue sur les bases actuelles, on va dépasser les 5.000 Français faisant leur aliyah en 2014, ce qui sera inédit depuis la création de l’État d’Israël en 1948”, a déclaré Ariel Kandel, le directeur de l’Agence juive en France.

Il explique ce phénomène par des “facteurs multiples et en même temps liés”. Avant tout, selon lui, “les Juifs de France sont très proches d’Israël, très attachés au sionisme”.

Mais a pesé aussi “ce que j’appelle un climat antisémite” dont “on ne peut pas dire qu’il est lié à des actions de violence”. Citant “l’affaire Dieudonné”, le directeur de l’Agence juive en France estime que si “l’État fait tout ce qu’il faut pour lutter contre l’antisémitisme”, “on n’a pas senti un mouvement de masse dans la rue” contre les dérapages du polémiste antisémite. “A moyen terme, cela inquiète un peu les gens” dans la communauté juive, fait-il valoir.

“Troisième phénomène” cité par le responsable : “la situation économique de la France”, avec son fort taux de chômage et sa croissance atone, qui rend par comparaison Israël attractif, notamment auprès des jeunes. “Cela ne veut pas dire qu’Israël est un paradis. L’aliyah est très dure, le migrant doit s’adapter dans la durée”, nuance Ariel Kandel.

Les phénomènes de retour au pays d’origine, ou “yerida” (“descente”), existent, même si l’Agence juive ne les comptabilise pas. “C’est très compliqué à mesurer, car un Juif qui revient n’a aucunement l’obligation d’informer quiconque de son souhait de le faire”, explique Ariel Kandel.

Ce dernier estime néanmoins à “peut-être 10%” le nombre de personnes qui reviennent en France après leur aliyah, un phénomène constaté notamment “dans les deux premières années” de présence sur le sol israélien.

La communauté juive de France compte entre 500.000 et 600.000 personnes, selon des estimations, ce qui en fait la plus importante en Europe. Depuis la création d’Israël en mai 1948, plus de trois millions de personnes y ont immigré, dont plus de 90.000 de France.

 

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