La Cour constitutionnelle belge a confirmé un arrêt de la Cour européenne de justice selon lequel les États membres de l’Union européenne peuvent interdire l’abattage religieux sans étourdissement préalable.
L’interdiction votée par les régions flamande et wallonne a été contestée par des organisations juives qui font valoir qu’en vertu de la liberté de religion, qui est protégée par l’Union européenne en tant que droit de l’homme, la législation européenne permet d’exempter, pour des motifs religieux, les abattages sans étourdissement, à condition qu’ils aient lieu dans des abattoirs autorisés.
“La Cour constitutionnelle belge a honteusement confirmé une décision qui est ouvertement hostile à un pilier fondamental de la pratique juive”, a déclaré le rabbin Menachem Margolin, président de la European Jewish Association (EJA), dans une déclaration faisant suite à la décision de la Cour constitutionnelle belge, jeudi, de confirmer une décision de la Cour de justice européenne interdisant l’abattage religieux sans étourdissement préalable, confirmant ainsi également une décision similaire des régions wallonne et flamande belges.
Déplorant la décision de la Cour, il a cependant déclaré que cela offrait aux pays européens l’occasion de montrer leur soutien aux communautés juives et de protéger ce principe central de la foi et de la pratique.
“Ce qui dérange le plus les communautés juives, c’est l’approche à deux visages de certains pays à leur égard. D’une part, ils les soutiennent fermement lorsqu’il s’agit de lutter contre l’antisémitisme, d’autre part, ils n’ont aucune difficulté à légiférer efficacement pour faire disparaître la foi et la pratique juives”, a-t-il dit.
Le rabbin Margolin a poursuivi : “Pire encore, ces pays ignorent béatement cette contradiction massive et ses effets catastrophiques sur les Juifs à travers l’Europe. Cette décision, si elle est reproduite, constitue une véritable menace pour la vie juive en Europe. Elle est tout aussi menaçante que la montée de l’antisémitisme et, dans un sens, encore pire, car elle vise directement les principes mêmes de nos croyances. Il est temps que les pays européens soutiennent leurs communautés juives et que la Belgique reste isolée et devienne un exemple de ce qu’il ne faut pas faire avec les Juifs”.
La European Jewish Association est une organisation basée à Bruxelles qui représente des communautés juives dans l’ensemble de l’Europe.
L’interdiction votée par les parlements flamand et wallon avait été contestée par des organisations juives qui font valoir qu’en vertu de la liberté de religion, qui est protégée par l’Union européenne en tant que droit de l’homme, la législation européenne permet d’exempter, pour des motifs religieux, les abattages sans étourdissement, à condition qu’ils aient lieu dans des abattoirs autorisés.
La shechita, la méthode religieuse juive d’abattage des animaux pour la production de viande casher, exige qu’ils soient conscients lorsque leur gorge est tranchée par un couteau spécial extrêmement affûté qui tue en quelques secondes – une pratique que les critiques qualifient de cruelle mais qui, selon ses défenseurs, est plus humaine que les méthodes mécanisées utilisées dans les abattoirs non casher.
Les organisations juives ont condamné l’interdiction de l’abattage rituel, qu’ils considèrent comme une grave limitation de la liberté religieuse au cœur de l’Union européenne. Certains ont même qualifié cette mesure d'”antisémite” et de rappel d’une période plus sombre de l’histoire européenne. En 1933, l’une des premières lois promulguées par les nazis fut l’interdiction de l’abattage kasher des animaux.
Environ 38 000 Juifs vivent en Belgique, principalement à Anvers, dans la région flamande, et à Bruxelles, la capitale et région du pays. Anvers abrite l’une des plus grandes populations juives ultra-orthodoxes d’Europe.
Dans sa décision, la Cour constitutionnelle belge a déclaré que la liberté de pensée, de conscience et de religion était l’un des fondements d’une société démocratique.
Elle a également reconnu que l’interdiction générale de l’abattage sans étourdissement entraînait une restriction de la liberté de religion des juifs et des musulmans qui utilisent de telles méthodes et dont les lois religieuses interdisent la consommation de viande d’animaux étourdis.
Mais la Cour belge a déclaré que l’interdiction de l’abattage sans étourdissement “répond à un besoin social pressant et est proportionnée à l’objectif légitime poursuivi de promouvoir le bien-être des animaux. En outre, la possibilité d’un étourdissement réversible lors d’un abattage rituel ne peut être interprétée comme prescrivant la manière dont un rite religieux doit être accompli.”
Dans une réaction à la décision de la Cour, Yohan Benizri, président du CCOJB, le comité de coordination des organisations juives de Belgique, a déclaré : “Bien sûr, c’est une déception pour les communautés religieuses, mais c’est surtout une honte pour notre pays. Nous sommes revenus à la case départ : devons-nous accepter que la chasse soit autorisée pour des raisons culturelles dans ce pays alors qu’une présence millénaire dans la région ne justifierait pas une exception similaire ? Quelle défaite morale pour nos institutions. Ce n’est pas fini. Juridiquement et politiquement, nous allons continuer à nous battre. C’est une question de principes”.