BRUXELLES – Le nombre d’incidents antisémites signalés a presque doublé l’année dernière en Belgique, passant de 56 en 2017 à 101 en 2018, a déclaré le Premier ministre belge Charles Michel, en réponse aux questions de European Jewish Press (EJP) concernant la montée de l’antisémitisme, à la veille des élections européennes et nationales qui auront lieu à la fin du mois.
La Belgique, comme d’autres pays européens, est frappée par une montée de l’antisémitisme ces dernières années. ‘’Insultes, harcèlement et violences pouvant aller jusqu’à la mort. On l’a vu à Bruxelles avec l’attentat antisémite contre le Musée juif. On l’a vu en France avec l’attentat contre l’école Ozar Hatorah et les assassinats d’Ilan Halimi ou encore plus récemment de Mireille Knoll,’’ déclare Charles Michel, qui est tête de liste de son parti, le Mouvement Réformateur (MR), d’obédience libérale, pour les élections du 26 mai en Belgique.
‘’Après les Juifs de France, les Juifs de Belgique sont ceux qui, en Europe, ressentent le plus d’hostilité à leur égard. 81% des personnes interrogées citent l’espace public comme source la plus courante d’hostilité au cours des cinq dernières années. La moyenne européenne est d’environ 70%’’, indique Charles Michel.
‘’Certains de nos concitoyens ont d’ailleurs fait le choix de l’expatriation, ne se sentant plus en sécurité dans leur propre pays. Aucun Belge, aucun Européen ne devrait être amené à poser un tel choix de vie. Notre pays ne peut s’habituer ni aux discours de haine ni à l’antisémitisme. Le gouvernement fédéral a fortement renforcé la sécurité de tous les lieux communautaires juifs, en particulier les écoles et les synagogues. Il a également lutté contre le négationnisme en durcissant les peines’’.
Il se dit inquiet ‘’en tant que responsable politique démocrate et libéral’’ de voir le nombre de Juifs préférant quitter l’Europe pour les Etats-Unis ou pour Israël car ils s’y sentent plus en sécurité u parce qu’ils ont peur de pratiquer leur culte ou de porter une kippa en rue.
‘’Comme j’ai déjà eu l’occasion de le dire lors de la commémoration de la libération des camps à la Grande Synagogue de Bruxelles en 2015, « La Belgique sans les Juifs ne serait plus la Belgique. L’Europe sans les Juifs ne serait plus l’Europe’’.
‘’C’est la raison pour laquelle, mon gouvernement a renforcé substantiellement la protection autour des lieux cultuels, scolaires et culturels juifs dans tout le pays’’, ajoute-t-il.
Environ 35.00 Juifs vivent en Belgique.
Charles Michel rappelle que son parti a fait voter il y a quelques mois ‘’une résolution ambitieuse contre l’antisémitisme’’ au Sénat. Le texte demande entre autres que le gouvernement désigne un coordinateur national de la lutte contre l’antisémitisme et que la cellule de veille sur l’antisémitisme soit à nouveau opérationnelle. Et d’expliquer : ‘’Notre résolution plaide aussi pour une identification claire, sur base annuelle, du nombre d’actes de nature antisémite, du nombre de dossiers effectivement poursuivis et des condamnations prononcées. Elle vise aussi à condamner systématiquement et publiquement les déclarations antisémites et réclame la mise en place d’un “module antisémitisme” dans le cadre de la politique d’intégration et d’accès à la citoyenneté ainsi qu’une définition de claire de l’antisémitisme basée sur les travaux de l’Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste (IHRA).
Répondant à une question sur sa position à l’égard du movement anti-israélien BDS (‘’ Boycott, désinvestissement et sanctions’’), il estime que ce mouvement ‘’ cultive une certaine ambiguïté dans son appel au boycott d’Israël et dans ses propos’’. Il ajoute : ‘’Le MR n’a jamais soutenu les actions de BDS et trouve également particulièrement regrettable d’appeler au boycott des manifestations culturelles israéliennes ou des universités israéliennes. Premièrement les universités en Israël sont mondialement réputées pour leur niveau scientifique et académique. Se priver d’une collaboration avec elles est une erreur majeure’’.