PARIS (AFP)—Dieudonné M’bala M’bala a été condamné à deux mois de prison avec sursis pour apologie d’actes de terrorisme par le tribunal correctionnel de Paris pour son message “Je me sens Charlie Coulibaly”.
Le parquet avait requis une peine de 30.000 euros d’amende, qui si elle n’est pas intégralement payée se transforme en emprisonnement.
Dans un message posté sur Facebook le 11 janvier, alors que des millions de personnes venaient de défiler en France contre les attentats, Dieudonné qualifiait cette marche d'”instant magique égal au big bang qui créa l’univers”.
Il ajoutait, dans ce message rapidement retiré: “Sachez que ce soir, en ce qui me concerne, je me sens Charlie Coulibaly”, associant le slogan de soutien au journal satirique Charlie Hebdo, “Je suis Charlie”, au nom d’Amédy Coulibaly, le terroriste qui a tué quatre Juifs dans l’Hyper Cacher de la Porte e Vincennes et une policière municipale.
Assurant condamner “sans aucune retenue et sans aucune ambiguïté” les attentats, Dieudonné avait affirmé à l’audience qu’il avait souhaité participer à la marche à Paris, mais que sans retour du ministère de l’Intérieur qu’il avait sollicité, il s’en était senti “exclu” et traité comme un “terroriste”. Son message était une “parole de paix”, avait-il assuré.
Ses explications n’ont pas convaincu le tribunal, qui a souligné l’ironie employée par Dieudonné lorsqu’il évoque l’importance de cette marche.
Les juges ont notamment tenu compte du contexte du message, juste après la manifestation, alors que l’opinion publique était “fortement bouleversée par les attentats”, que les victimes n’avaient pas encore été inhumées, a expliqué la présidente.
Surtout, les juges ont souligné dans l’association de “Charlie” et “Coulibaly” l'”amalgame provocateur” fait par Dieudonné “entre le symbole de la liberté d’expression qui a coûté la vie à des journalistes et un auteur d’acte terroriste auquel il s’identifie”, selon le jugement.
L’impact de ces propos “ne pouvait être ignoré” par son auteur, a considéré le tribunal, et “le sentiment d’hostilité à l’égard de la communauté juive que Dieudonné M’Bala M’Bala entretient auprès d’un public attiré par sa personnalité accroît sa responsabilité à raison de ses propos provocateurs”.
A l’audience, la procureur Annabelle Philippe avait souligné que, des trois auteurs des attaques du mois de janvier à Paris, Dieudonné, déjà condamné à plusieurs reprises pour des propos antisémites, a choisi celui qui avait délibérément visé des juifs.