PARIS (EJP)—Il y a dix ans, une jeune juif de 23 ans, Ilan Halimi était enlevé, torturé et assassiné parce qu’il était juif.
‘’Dix ans plus tard, nous continuons à éprouver un remords collectif’’, a déclaré le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, au cours d’une cérémonue d’hommage à Ilan Halimi à Bagneux, près de Paris.
‘’Dix ans plus tard, nous continuons à éprouver un remords collectif, celui d’avoir hésité à désigner par son nom la haine antisémite’’, a ajouté le ministre dans un auditorium de la ville après s’être recueilli dans le parc attenant, devant une stèle à la mémoire du jeune homme.
Le drame, a poursuivi le ministre, annonçait à sa manière une série de gestes assassins mais aussi ‘’la diffusion rampante’’ de l’antisémitisme, du racisme, du
‘’mépris’’ et de la ‘’haine de l’autre’’ : les tueries de Mohamed Merah en 2012, la fusillade du musée juif de Bruxelles en 2014, le drame de l’Hyper Cacher l’an dernier.
‘’Malheureusement, l’après-Ilan Halimi, ça a été la continuation de la barbarie antisémite’’, a déclaré Joël Mergui, président du Consistoire central israélite de France, exhortant à ce que le jeune homme ‘ne soit pas mort pour rien’’.
La maire de Bagneux, Marie-Hélène Amiable, a annoncé qu’un parc de la ville, aménagé dans les trois années à venir, porterait le nom du jeune homme, avec l’accord de sa mère. ‘’On inscrit ce qui s’est passé dans l’histoire de la ville. Ça permettra de continuer à en parler, de ne pas oublier’’, a-t-elle dit.
Le 13 février 2006, Ilan Halimi est retrouvé nu et agonisant, avec des traces de tortures et de brûlures sur le corps, au bord d’une voie ferrée dans l’Essonne. Le jeune homme succombera à ses blessures lors de son transfert à l’hôpital, sans parvenir à s’exprimer.
Ilan avait été enlevé trois semaines plus tôt, le 21 janvier 2006, attiré par une femme qui a servi d’appât.
Dirigés par Youssouf Fofana, 25 ans à l’époque des faits et condamné en 2009 à la réclusion criminelle à perpétuité, ses bourreaux – qui se faisaient appeler le ‘’gang des barbares’’ – avaient tenté en vain d’extorquer 450 000 euros à la famille de leur victime, qu’ils supposaient riche car de confession juive.
Fofana avait ensuite contacté un rabbin, pensant que la communauté paierait une rançon si les proches ne le faisaient pas.
