PARIS (EJP)—‘’Oui les juifs de France, trop souvent, ont peur. C’est une réalité, il ne faut pas la cacher, il faut la nommer. Et cette réalité, nous ne pouvons pas l’accepter’’, a déclaré le Premier ministre français Manuel Valls devant les 800 personnes qui ont participé lundi soir au dîner annue du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF).
Pour lui ‘’dire nous n’acceptons pas ce n’est pas suffisant. Les paroles doivent être suivies par les actes. Des actes forts, soutenus par des politiques publiques volontaristes’’.
‘’Il ne faut pas avoir peur de mener ces politiques. Mener des politiques fortes contre l’antisémitisme ou l’antisionisme ne fera pas perdre des voix ici ou là dans tel ou tel quartier, elle honorera tous ceux qui seront engagés dans ce combat’’, a-t-il dit.
Répondant à l’’’angoisse’’ exprimée quelques instants avant par Roger Cukierman, président du CRIF, le Premier ministre – qui remplaçait le président Hollande retenu au sommet européen de Bruxelles sur les migrants- lancé : ‘’Aucun Français ne doit douter de son pays. Les Français juifs ne doivent pas douter de la France’’.
Parmi les invités du dîner, événement politique incontournable, figuraient de nombreuses personnalités politiques de la majorité et de l’opposition ainsi qu’une dizaine de membres du gouvernement.
M. Valls a aussi fustigé l’antisionisme ‘’ c’est-à-dire tout simplement le synonyme de l’antisémitisme et de la haine d’Israël’’.
‘’ Nous savons qu’il y a un antisémitisme ancien, ou un antisémitisme nouveau. Il y a l’antisémitisme insupportable de l’extrême droite, toujours présent, mais on trouve aussi un antisémitisme dans l’extrême gauche’’, a -t-il déclaré.
‘’ Il y a l’antisémitisme des beaux quartiers, il y a aussi l’antisémitisme dans les quartiers populaires d’une jeunesse radicalisée. Et puis il y a la haine d’Israël, il y a l’antisémitisme, et il y a l’antisionisme, c’est-à-dire tout simplement le synonyme de l’antisémitisme et de la haine d’Israël’’, a ajouté Manuel Valls.
Le Premier ministre a notamment annoncé, en réponse à un souhait du président du CRIF, que la ‘’disposition visant à sortir les délits antisémites et racistes du droit de la presse pour les faire rentrer dans le droit commun figurerait dans le projet de loi “Egalité et citoyenneté”, soumis au Parlement au printemps’’.
‘’Ainsi, il sera dit de la manière la plus claire, que la liberté d’expression, ce n’est pas le permis de répandre la haine’’, a-t-il expliqué.
Dans son discours, Roger Cukierman, dont le troisième mandat à la tête de l’instution s’achèvera en mai, a souligné qu’en raison des attaques ou menaces djihadistes et des actes antisémites, “nous vivons une vie retranchée. Nous avons le sentiment angoissant d’être devenus des citoyens de deuxième zone”.
Le CRIF est la représentation politique de la communauté juive de France, qui avec 500.000 à 600.000 personnes est la plus importante d’Europe occidentale.
“Quand verrons-nous des propositions révolutionnaires pour que l’école publique redevienne l’école de tous les Français ?”, s’est interrogé le président du CRIF.
Dénonçant “des messages haineux en hausse exponentielle” sur internet, il a jugé que des “règles nouvelles” devaient être “imposées à Facebook, Twitter et Google pour freiner cette évolution”.
“L’état d’urgence doit aussi s’appliquer sur internet”, a lancé Roger Cukierman en soulignant que Pharos, la plateforme gouvernementale de lutte contre la cybercriminalité, “devrait disposer de plusieurs centaines d’employés au lieu de quelques dizaines, seulement, aujourd’hui”.