PARIS/JERUSALEM (EJP)—Le président français François Hollande s’exprimera devant la Knesset, le parlement israélien, lors de sa visite en Israël qui débutera dimanche.
Il s’agit de sa première visite en Israël en tant que président.
Le chef de l’Etat prononcera un discours devant la Knesset en présence du président Shimon Pereset du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou alors qu’il y a deux semaines il avait décidé d’annuler ce discours et à la place de s’adresser à des étudiants de l’université de Jérusalem.
Cette décision avait provoqué un vif mécontentement de la part du président de la Knesset, Yuli Edelstein, qui avait même été jusqu’à annuler toute rencontre avec le président français.
Après le changement de programme, M.Edelstein s’est félicité dans un communiqué de la venue de François Hollande et a ajouté : “C’est un grand honneur pour la Knesset israélienne d’accueillir le président de la France, un pays qui est l’un des meilleurs amis d’Israël”.
“Je suis heureux et fier” que le président français ait “décidé d’honorer la Knesset et ses membres, de parler au peuple d’Israël depuis le podium de la Knesset, bastion de la démocratie israélienne et je pense que cette visite sera importante pour les deux pays”, a-t-il ajouté.
Dans le passé, deux présidents français se sont exprimés dans l’enceinte du parlement israélien, François Mitterrand en 1982 et Nicolas Sarkozy en 2008.
Lors de sa visite à Jérusalem, au cours de la laquelle il aura des entretiens avec Shimon Peres et Benjamin Netanyahu, François Hollande fera valoir la position de fermeté de la France dans le dossier du nucléaire iranien. Une position fortement appréciée par les dirigeants israéliens.
La France s’est distinguée le week-end dernier à Genève en s’opposant à un accord avec Téhéran ne garantissant pas de façon vérifiable que l’Iran ne cherche pas à se doter de l’arme atomique.
Le Premier ministre israélien a salué la “cohérence” et la détermination de la France. “Nous espérons que la France ne fléchira pas“, a-t-il déclaré dans une interview publiée sur le site internet du Figaro.
”Les États-Unis demeurent pour nous un allié important, et même le plus important. Mais notre relation avec la France est également très spéciale. Sur le dossier iranien, nos deux pays défendent des positions communes depuis de nombreuses années, quelle que soit la majorité au pouvoir, et nous poursuivons ce partenariat essentiel avec le président Hollande. De même qu’il a montré une réelle détermination et beaucoup de courage dans le combat qu’il a engagé contre l’islamisme radical au Mali, nous saluons sa position cohérente et déterminée sur le dossier iranien’’, a-t-il ajouté.
La reprise des négociations entre l’Iran et le groupe P5+1 (les cinq pays membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU et l’Allemagne) est prévue le 20 novembre, quelques heures après la fin de la visite de François Hollande en Israël.
Les présidents français et américain ont affiché mercredi leur détermination commune sur ce dossier tout en mettant la balle dans le camp de Téhéran, invité à “apporter une réponse positive” aux propositions de ce groupe.
Israël pousse en faveur du démantèlement complet des installations iraniennes d’enrichissement de l’uranium et redoute un allègement prématuré des sanctions économiques à l’encontre de Téhéran.
“Nous n’avons peut-être pas la même approche tactique que les Israéliens mais nous avons en commun le souhait que ce programme doit cesser“, dit-on à l’Elysée.
Au cours de son séjour, qui le conduira également à Ramallah pour des entretiens avec le président de l’Autorité palestinien, Mahmoud Abbas, le chef de l’Etat français tentera aussi de porter la voix de la France pour soutenir les négociations de paix israélo-palestiniennes.
Le président français souhaite “encourager les parties israélienne et palestinienne au compromis, à faire l’effort, à avoir le courage nécessaire pour avancer et mettre sur pied une solution acceptable pour tout le monde“, indique-t-on à l’Elysée.
Il devrait réaffirmer son opposition à la construction des implantations, conformément à la position de l’Union européenne, quelques jours après que Benjamin Netanyahou eut ordonné le gel d’un important projet de construction en Cisjordanie.
“Nous sommes opposés à la colonisation et à toute extension qui ne peut que nuire au processus de paix donc la plus grande retenue est certainement nécessaire si on veut aboutir à un accord“, rappelle un diplomate français.
Selon Elie Barnavi, ancien ambassadeur d’Israël à Pazris, ‘’cela fait longtemps que la France a rééquilibré au profit d’Israël sa diplomatie proche-orientale.’’ ‘’Victime de la dislocation du monde arabo-musulman et du terrorisme qui a durement frappé la France, la ‘politique arabe’ de la Cinquième République a vécu, et avec elle la ‘rue arabe’ du Quai d’Orsay. Une succession d’ambassadeurs remarquables a beaucoup fait pour réconcilier avec la France une opinion publique israélienne naguère encore irrémédiablement hostile.’’
La visite de François Hollande, du 17 au 19 novembre, le verra également se recueillir au mémorial dédié à l’ancien président palestinien Yasser Arafat, mort en 2004, et sur la tombe du Premier ministre israélien assassiné en 1995, Itzhak Rabin.
Un passage au domaine de Sainte-Anne, site administré par la France dans le Vieux Jérusalem, est annoncé, de même qu’une visite au mémorial de Yad Vashem et un hommage mardi prochain aux victimes de l’attentat du 19 mars 2012 dans l’école juive Ozar Hatorah de Toulouse, qui avait fait quatre morts, dont trois enfants.
L’aspect économique n’est pas oublié et une quarantaine de grands patrons font partie de la délégation qui accompagnera le président français, notamment six ministres du gouvernement Ayrault dont celui de l’Economie, Pierre Moscovici.
L’Union européenne est le premier partenaire commercial d’Israël mais Paris juge insuffisants les échanges commerciaux entre les deux pays, qui s’élèvent annuellement à 2,4 milliards d’euros.
La France est le 11ème fournisseur d’Israël.