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Formation d’un gouvernement en Israël: Joseph Borrell n’a pas reçu l’aval des 27 états membres pour sa déclaration

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”Il est regrettable que Josep Borrell ait choisi d’accueillir le nouveau gouvernement de cette manière et ait choisi de ne voir les relations entre Israël et l’UE qu’à travers le prisme de la pandémie et du statut des territoires’’, a déclaré le ministère israélien des Affaires étrangères.

Selon l’accord de coalition Netanyahu-Gantz, le nouveau gouvernement “engagera un dialogue” avec la communauté internationale sur l’annexion, “dans le but de préserver la sécurité et les intérêts stratégiques, y compris la sécurité régionale, de préserver les accords de paix existants et de travailler à de futurs accords de paix”.

 

‘’Lorsque j’ai appris son nom en tant que successeur de Mme Mogherini, j’en savais assez.Des temps difficiles à venir entre l’UE et Israël, je le crains ”, avait écrit l’année dernière Bastiaan Belder, un ancien membre néerlandais du Parlement européen, très actif dans le soutien d’Israël au sein de  l’assemblée, à propos de la nomination en juillet 2019 de Josep Borrell comme nouveau chef de la politique étrangère de l’Union européenne.

Borrell, qui était ministre des Affaires étrangères du gouvernement socialiste espagnol avant d’être nommé par les dirigeants de l’UE à son nouveau poste, a un historique de commentaires critiques à l’égard d’Israël…. Malgré le fait qu’il a vécu  dans un kibboutz à la fin des années soixante.

À Jérusalem, sa nomination n’avait pas été vraiment bien accueillie même s’il a succédé à l’italienne Federica Mogherini qui n’était pas particulièrement appréciée en raison de son parti pris pro-palestinien et de son rôle dans l’accord nucléaire iranien.

Les craintes d’Israël à propos de Borrell se sont avérées fondées dans le cadre de l’annonce cette semaine d’un accord de coalition entre le Premier ministre Benjamin Netanyahu et le leader du parti Bleu et Blanc Benny Gantz pour la formation d’un gouvernment ‘’d’union d’urgence nationale’’ basé sur un partage du pouvoir et une rotation du poste de Premier ministre. Les deux parties se sont mises d’accord sur l’annexion de parties de la Cisjordanie, bien que ce ne soit pas encore clair.

Alors que la première réaction de l’Europe est venue du porte-parole de l’UE pour les affaires étrangères, déclarant aux journalistes que l’UE ‘’ était prête à travailler avec le gouvernement quand il sera au pouvoir ” et réitérant la précédente déclaration de Borrell selon laquelle l’annexion de certaines parties de la Cisjordanie ‘’ne resterait pas sans réponse’’.

Mais jeudi dernier, Borrell lui-même a publié un communiqué sur le site du service extérieur de l’UE ‘’prenant acte de l’accord politique qui pourrait ouvrir la voie à la formation d’un gouvernement en Israël ”.

Dans sa déclaration, il a d’abord exprimé la volonté de l’UE ” de coopérer étroitement avec le nouveau gouvernement dans la lutte contre le coronavirus’’, soulignant la coopération technique en cours ‘’qui sera renforcée sur tous les aspects de la pandémie”.

Après cette note positive, est venu le ‘’plat de résistance ”, une déclaration qui critique  Israël – même avant toute décision de la future coalition sur l’annexion – disant que l’UE ” réitère que toute annexion constituerait une violation grave du droit international”.

‘’ L’Union européenne continuera de suivre de près la situation et ses implications plus larges et agira en conséquence ”, a averti Josep Borrell.

Il a réitéré la position de l’UE sur le ”statut des territoires occupés par Israël en 1967 reste inchangée”. ” Conformément au droit international et aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité des Nations unies, y compris les résolutions 242 et 338, l’Union européenne ne reconnaît pas La souveraineté d’Israël sur la Cisjordanie occupée”.

Le problème avec cette déclaration est qu’elle a été publiée par Borrell sans accord ni même consultation de l’ensemble des États membres. Elle ne peut donc pas être considérée comme une déclaration de l’UE car, outre plusieurs États membres, dont la France, le Royaume-Uni et l’Espagne, d’autres pays – dont la Hongrie et l’Autriche – se sont opposés à la menace implicite du projet de déclaration.

Mais Borrell a choisi d’aller de l’avant avec la déclaration telle qu’elle est écrite, en son nom propre, sans attendre d’avoir un débat approfondi à ce sujet lors de la prochaine réunion du Conseil des affaires étrangères qui réunit une fois par mois les 27 ministres des Affaires étrangères de l’UE. Au cours des discussions avec les ministres des affaires étrangères de certains États membres, Borrell aurait même plaidé pour des sanctions contre Israël s’il allait de l’avant avec l’annexion.

Les États membres qui se sont opposés à la déclaration étaient préoccupés par le calendrier. Le gouvernement israélien n’a pas encore prêté serment devant la Knesset et ils ne souhaitaient pas mettre en péril leurs  relations avec Benny Gantz, qui, selon l’accord de coalition, deviendra Premier ministre dans un an et demi, en commençant sur une base aussi négative. En outre, le nouveau ministre des Affaires étrangères, qui sera vraisemblablement l’ancien chef d’état-major de l’armée israélienne, Gabi Ashkenazi, qui est un membre éminent du parti Bleu et Blanc de Gantz.

Ceci était clair dans la réaction du ministère israélien des Affaires étrangères à la déclaration de Borrell. ” Il est regrettable que Josep Borrell ait choisi d’accueillir le nouveau gouvernement de cette manière et ait choisi de ne voir les relations entre Israël et l’UE qu’à travers le prisme de la pandémie et du statut des territoires’’, a déclaré le ministère.

‘’Compte tenu du fait que ce message n’a pas reçu le soutien des États membres, nous nous demandons – et pas pour la première fois – quelles politiques il (Borrell) a choisi de représenter’’, a-t-il ajouté.

Le ministre israélien des Affaires étrangères, Israël Katz, a remercié les États membres de l’UE qui se sont opposés au message de Borrell, affirmant qu’ils “reconnaissent ainsi les valeur des relations avec Israël. Nous continuerons à promouvoir les relations entre Israël et l’Europe avec eux’’.

Cet épisode des relations UE-Israël met à nouveau en évidence les divisions au sein de l’UE entre les États membres à propos des décisions du gouvernement israélien.

En février déjà, Borrell – dont le titre officiel est Haut représentant de l’UE pour les affaires étrangères et la politique de sécurité – avait tenté de convaincre les 27 ministres européens des Affaires étrangères de publier une résolution commune critiquant le plan de paix proposé par l’administration Trump et mettant en garde contre l’intention déclarée d’Israël d’annexer des parties importantes de la Cisjordanie en quelques semaines.

Mais cette fois encore, au moins six États membres de l’UE décidèrent de s’opposer à la résolution, dont l’Italie, la Hongrie, l’Autriche et la République tchèque. Cette opposition avait tué dans l’œuf la déclaration commune, car les déclarations de politique étrangère de l’UE doivent avoir l’accord des 27 pays membres.

Borrell a ensuite publié sa propre déclaration rejetant le plan de paix de Trump – et avertissant qu’une annexion israélienne violerait le droit international.

Sa déclaration a souligné l’engagement de l’UE en fveur d’une solution à deux États fondée sur les frontières d’avant 1967, avec la possibilité d’échanges de terres convenus d’un commun accord, composé de l’État d’Israël et d’un État indépendant, démocratique, contigu, souverain et viable état de Palestine’’.

Borrell avait alors déclaré que l’initiative américaine “s’écartait de ces paramètres convenus au niveau international”.

Contrairement aux Européens, mercredi dernier, le secrétaire d’État américain Mike Pompeo a déclaré: “Quant à l’annexion de la Cisjordanie, les Israéliens prendront finalement la décision”.

Selon l’accord de coalition Netanyahu-Gantz, le nouveau gouvernement “engagera un dialogue” avec la communauté internationale sur l’annexion, “dans le but de préserver la sécurité et les intérêts stratégiques, y compris la sécurité régionale, de préserver les accords de paix existants et de travailler à de futurs accords de paix”.

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