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François Hollande au dîner du CRIF: ‘Les antisémites n’ont pas leur place dans la République’

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PARIS (EJP)— « Les juifs sont chez eux en France, ce sont les antisémites qui n’ont pas leur place dans la République’’, a lancé le président français François Hollande dans un discours prononcé » lundi soir lors du 30ème dîner annuel du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF).

Un rendez-vous politique incontournable qui intervient après les attaques début janvier contre le magazine satirique Charlie Hebdo et contre l’Hyper Cacher de la Porte de Vincennes, qui ont fait 17 morts dont quatre juifs, ainsi qu’après les attentats de Copenhague qui ont fait deux morts dont un juif il y a deux semaines.

“Il n’y a pas d’antisémitisme ordinaire”, a déclaré François Hollande, parlant d’une “lèpre” qui est “toujours là 70 ans après la Shoah” et que “la France combattra sans faiblesse”.

‘’A Paris comme à Copenhague, les terroristes ont adressé le même message : celui de la guerre. Celle qui effraie, qui tue, qui divise, qui cherche à détruire les fondements même du vivre ensemble. Et parmi les premières victimes il y a toujours des juifs’’.

Le président a annoncé un renforcement de l’arsenal répressif contre “tout propos de haine” raciste ou antisémite.

Le Premier ministre Manuel Valls présentera “dans les prochains jours” un plan “aussi complet que concret”, a indiqué le président.

Des “sanctions plus rapides et plus efficaces” vont être prises. M. Hollande “a souhaité” que “tout propos de haine, raciste, antisémite ou homophobe ne relève plus du droit de la presse mais du droit pénal”.

De plus, sera renforcé le caractère aggravant de la connotation antisémite d’un délit.

“Nous allons renforcer les outils du droit” contre les personnes tentées par le jihadisme, a également annoncé M. Hollande, annonçant la présentation en conseil des ministres le 18 mars prochain d’un projet de loi sur le renseignement. M. Hollande a insisté, “pour être efficace”, sur la dimension européenne de la lutte contre le terrorisme et s’est félicité de l’application “d’ici la fin de l’année” du PNR, la communication des données des passagers aériens.

Le dîner du CRIF , rendez-vous œcuménique religieux et politique, a été terni par l’absence du Conseil français du culte musulman (CFCM) et de son président Dalil Boubakeur, qui a annulé sa participation à la dernière minute pour protester contre les déclarations du président du CRIF, Roger Cukierman sur Europe 1, qui a dit : ‘’Toutes les violences aujourd’hui, et il faut dire les choses, sont commises par des jeunes musulmans. Bien sûr, c’est une toute petite minorité de la communauté, et les musulmans en sont les premières victimes’’.

M.Cukierman a tenté de faire retomber la pression en exprimant, en introduction de son discours, son “vif regret” de l’absence de M.Boubakeur. “Juifs et musulmans, nous sommes sur le même bateau, j’espère que le contact sera rapidement rétabli”, a déclaré M. Cukierman, rappelant son amitié “ancienne et sincère” avec le recteur de la Mosquée de Paris.

Il a aussi réitéré sa mise au point sur la présidente du Front national, Marine Le Pen, qui n’est “ni fréquentable ni irréprochable” tant qu’elle ne se désolidarisera pas des propos de son père. “Nous continuerons à ne pas inviter Mme Le Pen au dîner du CRIF et à ne pas conseiller de voter pour le Front national”.

Du côté politique, le président de l’UMP Nicolas Sarkozy était présent de même que la moitié du gouvernement français ainsi que des représentants du parti communiste et des Verts.

Il s’agissait du 30e dîner du CRIF, créé en 1985. Au départ confidentiel, il a su prendre de l’importance avec le temps jusqu’à s’imposer comme un évènement quasi incontournable des politiques.

Il s’agit, comme depuis la création du CRIF, en 1943, en pleine résistance contre le nazisme, de porter la voix politique des juifs de France et d’instaurer un dialogue avec les pouvoir publics.

Si le CRIF était relativement peu visible médiatiquement avant cet évènement, il va le devenir pendant les années 1980, consulté notamment sur les sujets relatifs à la judaïté ou le devoir de mémoire.

S’ils étaient une cinquantaine de participants en 1985 dans les locaux du Sénat, ils étaient près de 700 lundi soir dans le restaurant de l’hôtel Pullman-Montparnasse dans le XIVe arrondissement de Paris.

 

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