JERUSALEM/PARIS (EJP)—Israel estime que le vote de l’assemblée nationale d’une résolution en faveur de la reconnaissance de l’État palestinien “va éloigner les possibilités d’arriver à un accord” de paix.
“Des décisions telles que celle-ci ne font qu’inciter les Palestiniens à adopter des positions plus extrémistes”, selon un communiqué du ministère israélien des Affaires étrangères.
Ce vote “envoie un message erroné aux leaders et aux peuples de la région”.
La résolution a été votée par 339 députés et 151 ont voté contre, soit 490 suffrages exprimés sur les 506 députés présents.
68 députés n’ont pas pris part au vote et 16 se sont abstenus.
L’initiative socialiste ne lie pas le gouvernement et n’a pas de valeur contraignante.
“Cette résolution n’est pas dirigée contre Israël, mais c’est au contraire une invitation adressée au gouvernement français. La France ne reconnaît pas ce soir l’Etat de Palestine, c’est une résolution qui s’efforce de regarder vers l’avenir”, a déclaré Patrick Maisonnave, ambassadeur de France en Israël.
La résolution juge que « la solution des deux Etats, promue avec constance par la France et l’Union européenne, suppose la reconnaissance de l’Etat de Palestine aux côtés de celui d’Israël ». Elle constate « l’échec des tentatives de relance du processus de paix » depuis 1991 entre Israéliens et Palestiniens, et relève « la poursuite illégale de la colonisation dans les territoires palestiniens ».
Le texte affirme également ‘’ l’urgente nécessité d’aboutir à un règlement définitif du conflit’’» avec l’établissement d’un Etat palestinien aux côtés d’Israël, ‘’ sur la base des lignes de 1967, avec Jérusalem pour capitale de ces deux Etats’’.
Lors du débat qui s’est tenu vendredi sur le texte, le chef du groupe socialiste, Bruno Le Roux, a insisté sur la nécessité d’agir face à « l’impasse » de la situation : poursuite de la colonisation, échec des négociations sous égide américaine et multiplication des violences meurtrières.
La quasi-totalité des socialistes, les écologistes, le Front de gauche, une partie des radicaux de gauche et quelques UMP et UDI ont voté pour le texte, tandis que la grande majorité de l’UMP et de l’UDI a voté contre.
Plusieurs députés UMP chauds partisans d’Israël, comme Christian Estrosi ou Claude Goasguen, accusent le PS de chercher à séduire un « électorat musulman » qui aurait été déçu par une politique de François Hollande jugée trop favorable à l’Etat hébreu. Pour sa part, le député proche du Front National, Gilbert Collard, a estimé qu’avec cette résolution, les socialistes ‘’embrassent le Hamas, le terrorisme ‘’.
Par ailleurs, ni le Premier ministre Manuel Valls ni le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius n’étaient présents dans l’hémicycle.
Le Sénat se prononcera sur un texte similaire le 11 décembre.
Dans un communiqué, le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) dit regretter le vote de l’Assemblée Nationale qui, di-il, ‘’ne peut apporter que des inconvénients sans offrir aucun avantage’’.
‘’Ce vote n’offre aucune opportunité pour accélérer l’avènement de la paix entre les Israéliens et les Palestiniens, et l’en éloigne même’’, a déclaré Roger Cukierman, Président du CRIF, qui ajoute qu’il e CRIF déplore ce vote qui ne peut apporter que des inconvénients sans offrir aucun avantage.
‘’Il place la France, qui jouissait d’un lien unique tant avec les Palestiniens qu’avec les Israéliens, dans la cohorte des nations, et risque de lui faire perdre sa capacité d’arbitrage dans la négociation nécessaire entre Israéliens et Palestiniens dans l’esprit des accords d’Oslo’’, a-t-il ajouté.
Pour le CRF, le vote ‘’met en danger la communauté juive de France en laissant penser aux émeutiers de juillet que ce vote est le résultat de leurs manifestations, et en leur donnant l’envie de poursuivre les violences anti-juives’’.