PARIS (EJP)—La France est en tête des pays d’émigration vers Israël sur les huit premiers mois de l’année 2014, “une première”, avec un record de 4566 départs de personnes ayant fait leur aliyah (“montée” vers Israël) loin devant l’Ukraine (3.252), la Russie (2.632) et les Etats-Unis (2.218), selon l’Agence juive en France.
Au cours des dernières, la moyenne atteignait 2.000 personnes par an. Le chiffre était de 3.300 en 2013. En 2014, il devrait être au total de 5.500 personnes.
Saison traditionnellement favorable à cette émigration, en particulier celle des familles entre deux années scolaires, l’été n’a pas fait fléchir les statistiques, bien au contraire, avec plus de 2.000 arrivées cumulées en juillet et août. Et aucune annulation selon l’Agence juive, malgré le projet d’installation de certains ‘olim’ (immigrants) dans des localités à portée des roquettes du Hamas à Gaza, comme Ashdod ou Ashkelon.
Avec ses 500.000 à 600.000 membres, la communauté juive de France est la plus importante d’Europe et la troisième au monde derrière Israël et les Etats-Unis.
“Dans le monde occidental ou libre, voir 1% d’une communauté juive qui fait son aliyah en un an, ça n’a jamais eu lieu”, a indiqué Ariel Kandel, directeur de l’Agence juive en France, qui souligne que les juifs sont “dix fois plus nombreux” aux Etats-Unis qu’en France.
Selon lui, cette immigration répond à quatre raisons: l’amour d’Israël, un climat vécu comme antisémite en France, un climat économique plus favorable en Israël et le fait que de plus en plus de Français sautent le pas, ce qui permet de retrouver sur place de la famille et des amis.
Il voit dans les attaques contre des synagogues en juillet dernier, notamment rue de la Roquette à Paris et à Sarcelles dans le cadre de manifestations pro-Gaza, un “facteur accélérateur”. En un peu plus d’un an, les réunions d’information organisées en France sur cette émigration auront touché, directement ou indirectement, environ 30.000 personnes, selon l’agence juive.
“Les chiffres d’aliyah correspondent pour une part au climat d’insécurité”, abonde Joël Mergui, président du Consistoire de France.”Soixante-dix ans après la Shoah, la France et l’Europe doivent se poser la question des moyens à mettre en oeuvre pour que la communauté juive, qui est là depuis deux mille ans, ne s’interroge pas sur son avenir. Là, elle s’interroge.”
Des facteurs économiques jouent également. “Ce sont des choses que l’on n’entendait pas forcément dans la bouche des candidats à l’aliyah, mais la situation économique de la France est devenue problématique, avec une croissance nulle et un fort taux de chômage”, alors que celui-ci est très bas en Israël, indique Ariel Kandel.
Le gouvernement israélien a récemment lancé une campagne destinée à attirer les candidats à l’aliyah. Il prévoit notamment diverses mesures dont une meilleure reconnaissance des diplômes, dans les carrières paramédicales notamment.