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La pandémie de COVID-19 et l’impact d’une épidémie de ‘fake news’

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La crise du COVID-19 n’a pas seulement eu un impact sur la santé des citoyens et la réponse sanitaire des autorités. Elle a aussi donné lieu à une véritable épidémie de ‘’fake news’’ à tous les niveaux venant à la fois d’acteurs étatiques, comme la Chine, et non étatiques, comme les groupes jihadistes et autres mouvances extrémistes.

En France, comme dans beaucoup d’autres pays européens, les gouvernements ont dû faire face à un certain nombre d’infox et autres attaques médiatiques menées par  la Chine.

Des spirales de désinformation parfois et même souvent difficile à contrecarrer et à prévenir leurs méfaits au sein de la société. Même si l’on sait que la Chine n’est pas un acteur nouveau sur a scène et que la radicalisation n’est pas un phénomène nouveau de même d’ailleurs que les ‘’fake news’’.

Au cours des six derniers mois, explique Antoine Bondaz, spécialiste de la Chine et chercheur à la Fondation pour la recherche stratégique à  Paris, ‘’ on a pu constater depuis le début de la pandéie que les autorités chinoises se sont lancées dans une communication sans précédent que cer soit en Chine même et srtout aussi à l’étranger, notamment en Europe, pour imposer leurs éléments de langage sur la crise.’’

‘’Ce qui a commencé comme une crise sanitaire en Chine, s’est transformé de plus en plus en opportunité politique pour Pékin. Le cas de la France est particulier puisque la communication de l’ambassade de Chine à Paris a été particulièrement active’’, a indiqué Antoine Bondaz au cours d’un webinar organisé par la European Foundation for Democracy en collaboration avec la Mission des Etats-Unis auprès de l’Union européenne, Autonomisation Citoyenne et JOS Project.

‘’Après une communication en janvier/février centrée essentiellement sur le public chinois pour montrer l’effort considérable mis en œuvre pour faire face à la crise, la Chine a commencé à lancer les premiers éléments de désinformation en mars’’, explique-t-il.

Avec un des cas emblématiques à la mi-mars lorsque le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères commence à twitter de façon assez agressive plusieurs articles mais aussi des auditions du Congrès américain en détournant les propos qui y sont tenus et en laissant sous-entendre que la pandémie de Covid-19 aurait commencé aux Etats-Unis et non en Chine et que ce serait des militaires américains qui auraient accidentellement apporté le virus à Wuhan lors des jeux militaires’’, précise-t-il tout en soulignant que toute la communication chinoise ne repose pas uniquement sur la désinformation mais bien une partie de celle-ci.

On remet en cause l’origine de la pandémie alors qu’elle a bien commencé à Wuhan. Les autres ambassades chinoises vont à leur tour véhiculer cette rumeur. Cela va prendre aussi une autre forme, à travers les médias chinois qui vont utiliser des vidéos tronquées pour laisser sous-entendre au public chinois mais aussi au public européen qu’il y a une mobilisation des Européens pour remercier la Chine pour l’aide ‘’importante et bienvenue’’ qu’elle a apportée aux pays européens. ‘’La question qui se pose est le traitement médiatique de cette assistance apportée par la Chine. Face au manque de réaction de l’Europe devant la crise, l’Italie a été un des premiers pays auquel la Chine a apporté un soutien ce qui a conduit les médias chinois à laisser entendre que dans les rues d’Italie les gens ‘’criaient pour remercier la Chine’’.

Antoine Bondaz parle également d’une campagne chinoise contre les médias français accusés de ‘’généralisation outrancière’’, de ‘’sinophobie’’ et de ‘’racisme anti-chinois’’. Une campagne ‘’très agressive et offensive’’ depuis plusieurs mois de la part de l’ambassade de Chine à Paris. Un exemple frappant a été un communiqué de presse publié le 12 avril dans lequel figurent une série d’éléments clairement assimilés à de la désinformation. ‘’Par exemple il suggérait que les diplomates  et hommes politiques européens et américains auraient affirmé que le virus ne frappaient que les jaunes ou que les personnels soignants des EHPAD auraient abandonné leurs postes du jour au lendemain, laissant les pensionnaires mourir de faim ou de maladie. Ou que les autorités de Taiwan soutenues par plus de 80 parlementaires français auraient utilisé le mot de nègre pour s’en prendre au directeur général de l’OMS’’. Tout ceci a conduit à la convocation de l’ambassadeur de Chine au ministère français des Affaires étrangères et par la publication d’un communiqué affirmant que les propos de l’ambassade étaient ‘’inacceptable’’.

L’expert de la Chine mentionne également des ‘’débordements antisémites et anti-sionistes’’ comme cette caricature récupérée et postée sur le compte Twitter de l’ambassade de Chine. Le dessin incriminé met en scène la Mort, vêtue aux couleurs du drapeau américain, devant une porte fermée, surmontée du nom «Hong Kong». C’est la dernière d’une série de portes, toutes ouvertes, chacune avec un seuil ensanglanté et portant le nom d’un pays : Irak, Syrie, Ukraine, Venezuela. La faux que tient la Mort représenter le drapeau israélien. Une caricature qui laissait entendre qu’Israël et les Etats-Unis seraient responsables de massacres en Irak, Libye, Syrie… et peut-être demain à Hong-Kong.

L’ambassade chinoise n’a pas présenté d’excuses mais a affirmé que son compte avait été ‘’piraté’’ avant de supprimer la caricature. Mais, indique Antoine Bondaz, la caricature a continué a être likée par le compte twitter de l’ambassade…

La désinformation pendant la crise du Covid-19 n’est pas venue que d’entités étatiques. Les groupes jihadistes et autres mouvances extrémistes ont également tenté de manipuler l’information mais, comme l’explique Laurence Bindner, Founding Partner au JOS Project, leurs objectifs étaient différents, davantage idéologiques, et visaient à imposer une vision alternative du monde. ‘’Ces groupes jihadistes, que ce soit l’Etat islamique ou Al Qaeda, rejettent l’explication rationnelle du virus et l’approche scientifique pour privilégier le fait religieux, le divin’’, ajoute-t-elle. ‘’Ils y voient une revanche un an exactement après la chute de l’Etat islamique’’ ou ‘’une vengeance de Dieu par rapport aux Etats qui se sont éloignés de l’Islam’’.

Comment répondre à ces attaques ayant pour cible la stabilité des institutions libérales et démocratiques de nos sociétés ? Comment créer plus de résilience ? Comment se fait-il qu’un grand nombre de gens adhèrent à ce type d’idéologie, cette propagande, cette désinformation qui visent la cohésion sociale?

Pour Thomas Bouvatier, psychologue qui traite notamment des thématiques de radicalisation, contrairement aux sociétés libérales où la critique est admise, dans les groupes totalitaires comme la Chine ou l’Etat islamique ‘’il y a une volonté hégémonique de devenir numéro un’’ ou une ‘’volonté mondiale de convertir le monde à cette pratique ultra rigoriste de l’Islam’’.

Pour lutter contre les ‘’fake news’’, il insiste sur la nécessité de sortir les faits en les sourcant. Mais attention, dit-il, de ne pas répondre avec mépris et jouer le jeu des groupes totalitaires. ‘’Ne pas utiliser de langage humiliant qui vont nourrir la radicalisation des autres’’. ‘’Dans un contre-discours il faut contrer avec des faits dénués de victimisation et de caricature. Convaincre par un discours alternatif ceux qui peuvent l’être, ceux qui sont susceptibles d’être troublés voir convaincus’’.

Antoine Bondaz insiste sur la nécessit d’’éduquer les gens’’ et d’’’avoir un certain niveau de transparence.’’ ‘’Que la Chine essaie de convaincre à l’étranger est ‘’légitime’’ de sa part  mais il faut que cela se fasse de manière saine et transparente. Il faut qu’il y ait des contre-arguments’’.

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