PARIS (EJP)—L’Assemblée nationale débat vendredi une résolution socialiste invitant le gouvernement français à reconnaître un Etat palestinien, à la veille d’un vote sur le sujet mardi prochain. Le Sénat se penchera sur un texte similaire le 11 décembre.
La résolution, à l’initiative d’Elisabeth Guigou, “invite le gouvernement à reconnaître l’État de Palestine en vue d’obtenir un règlement définitif du conflit”. Elle juge que ‘’la solution des deux États, promue avec constance par la France et l’Union européenne, suppose la reconnaissance de l’État de Palestine aux côtés de celui d’Israël’’.
Du côté du Parti socialiste, le groupe doit voter très majoritairement en faveur de la résolution. Une dizaine de parlementaires n’ont cependant pas signé la résolution du groupe. «Quand on veut la paix, on s’engage», a déclaré Annick Lepetit, porte-parole du groupe socuialiste à l’Assemblée natiponale, sous forme de message à la droite qui se montre plus prudente sur la question.
Christian Jacob, président du groupe UMP, a annoncé que les élus UMP seraient partagés entre la non-participation au vote et le vote ‘’contre’’. ‘’Mais on calera définitivement notre position mardi prochain’’, a-t-il dit.’’On est clairement dans le domaine réservé à l’exécutif, ce vote affaiblit la voix de la France’’, juge le député de Seine-et-Marne.
L’ancien président Nicolas Sarkozy a appelé l’UMP à voter contre la proposition de résolution socialiste, quelques jours après ‘’les attentats odieux et sanglants de Jérusalem’’.
‘’Je demande à mes amis de voter contre’’ , a déclaré le candidat à la présidence de l’UMP en meeting à Boulogne-Billancourt.
‘’Je me battrai pour que les Palestiniens aient leur Etat. Mais une reconnaissance unilatérale quelques jours après un attentat meurtrier et alors qu’il n’y a aucun processus de paix. Non !’’, a ajouté l’ancien président de la République, dénonçant l’attaque contre une synagogue perpétrée la semaine dernière à Jérusalem, et dans laquelle cinq Israéliens ont trouvé la mort.
‘’Je n’accepterai jamais que l’on remette en cause la sécurité d’Israël. C’est le combat de ma vie’’, a ajouté Nicolas Sarkozy.
‘’Cela va crisper la France’’, estime Philippe Vigier, président du groupe UDI. ‘’On va dans un mauvais sens, cela va aggraver la situation’’, déclare-t-il alors que son groupe sera divisé sur la question. Chaque député de centre-droit ‘’votera comme il l’entend’’, a-t-il dit.
Chez les écologistes comme au groupe communiste, la grande majorité des députés devraient voter en faveur de cette résolution. La reconnaissance de l’État palestinien est l’un des combats récurrents de ces deux formations politiques.
Du côté des non-inscrits, les élus FN sont également partagés. Marion Maréchal Le Pen et Gilbert Collard ont exprimé des positions contraires, même si la ligne officielle du parti est favorable à la reconnaissance de l’État.
L’adoption de ces textes ne vaudra cependant pas reconnaissance de l’Etat palestinien par la France. Purement symboliques, ces résolutions sont non-contraignantes pour le gouvernement, qui se réserve de choisir le moment opportun pour procéder à la reconnaissance.
Le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius a déclaré : ‘’Je m’exprimerai au nom du gouvernement vendredi matin. Sur la question de principe de la reconnaissance d’un État palestinien, la position de la France a toujours été, y compris depuis 1947, qu’il fallait qu’il y ait deux États. À partir du moment où il y a deux États – on a reconnu Israël – il faudra reconnaître la Palestine. La question ne porte donc pas sur le principe, mais sur les modalités. Il y a toute une série de discussions et j’aurai l’occasion de dire quelle est la position de la France’’.
Et ad’ajouter : ‘’C’est dans le cadre d’une négociation que, le moment venu, il y aura la reconnaissance. Cela se comprend très bien parce qu’il faut aussi, pour que la reconnaissance soit effective, que du côté d’Israël il y ait un certain nombre d’éléments. Mais comme la négociation n’a pas lieu, on se trouve dans une espèce de butoir, de voie sans issue’’.
Le débat et le vote en France interviennent après la décision de la Suède de reconnaître un Etat palestinien – premier pays de l’UE à le faire- et les votes symboliques des parlements en Grande-Bretagne, en Espagne et en Irlande à ce sujet. Le Parlement européen, divisé sur la question, en a débattu jeudi à Strasbourg et votera le 18 décembre pour savoir s’il doit ou non reconnaître la Palestine comme un Etat indépendant, une résolution initiée par le groupe socialiste.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a déclaré à des journalistes que “la reconnaissance d’un Etat palestinien par la France serait une grave erreur”.
“C’est ce qu’ils ont à faire en ce moment en France quand on décapite des gens à travers le Proche-Orient, y compris un citoyen français?”, a ajouté Benjamin Netanyahu, faisant référence à la récente décapitation d’Hervé Gourdel en Algérie par des djihadistes se revendiquant du groupe Etat islamique (EI).
“L’Etat d’Israël est le foyer du peuple juif, le seul Etat que nous avons et les Palestiniens qui exigent un Etat ne veulent pas nous reconnaître le droit d’avoir un Etat pour le peuple juif”, a-t-il souligné.