Le président du CCOJB regrette le manque de ‘discours forts’ en Belgique après la prise d’otages dans un magasin juif à Paris

BRUXELLES (EJP)—Le président du Comité de coordination des organisations juives de Belgique (CCOJB), Maurice Sosnowski, regrette de n’avoir pas entendu de ”discours forts” en Belgique au lendemain de la sanglante prise d’otages dans une superette casher de la porte de Vincennes à Paris.

‘’On a bien noté les paroles prononcées par certains dirigeants politiques au lendemain de la prise d’otages sanglante à la Porte de Vincennes. Les discours de Manuel Valls, de François Hollande sont très forts: la France sans les Juifs de la France, ce n’est plus la France. Et puis les paroles d’Angela Merkel aussi.Ce sont des discours forts. Ils n’ont pas été assez exprimés ici. C’est une première mesure à prendre: prononcer des paroles de défense des communautés. Et aujourd’hui, de la communauté juive’’, a-t-il dit, interrogé mardi par un journaliste de la RTBF.

‘’Ce n’était pas un hasard, cette attaque. À Charlie Hebdo, on a attaqué des gens pour ce qu’ils font. Au magasin juif, des gens ont été atteints pour ce qu’ils sont’’.

Au-delà des discours, Maurice Sosnowski considère qu’il y a une autre priorité: la lutte contre les messages de haine sur les réseaux sociaux. ‘’Elle est immonde. Youtube est le plus grand véhicule de haine aujourd’hui’’.

Il souhaite vivement que les autorités engagent des actions avec les différents opérateurs à cet égard: ‘’Il y a moyen de lutter, comme on l’a fait pour la pédophilie’’, avance-t-il.

Il évoque aussi le ‘’travail énorme’’ à réaliser pour enrayer le prosélytisme islamiste en prison. ‘’Tous les assassins de ces derniers mois, Merah, Nemmouche… Tous ont été radicalisés dans les prison’’, souligne-t-il.

Il avoir reçu beaucoup d’appels inquiets, surtout à propos des écoles juives. ‘’Les gens veulent voir qu’il y a bien une surveillance majeure. Il faut trouver une solution pour les rassurer’’, ajoute-t-il.

Interrogé sur le fait de savoir s’il faut mettre des militaires devant les institutions juives en Belgique comme c’est le cas en France, il répond : ‘’Ce n’est pas à moi de dire au gouvernement ce qu’il doit faire’’.

Le président du CCOJB dit ne pas avoir constaté d’exode ‘’significatif’’ des Juifs en Belgique comme c’est le cas en France.

Joël Rubinfeld, président de la Ligue contre l’antisémitisme, dénonce lui durement la passivité de la classe politique belge et affirme que le climat actuel pousse de plus en plus de Juifs à quitter la Belgique pour Israël, les Etats-Unis et le Canada.

En 2013, selon ses calculs, environ 500 personnes issues de la communauté juive ont émigré dans l’un de ces trois pays (essentiellement pour Israël avec 273 départs). ‘’Au niveau national, c’est une goutte d’eau mais au sein de la communauté juive belge, qui est de 40 000 personnes, ça compte. Cet exode silencieux est annonciateur d’une plus grande catastrophe’’, dit-il.

Selon lui, ce n’est pas tellement la menace d’attaques antisémites qui explique le malaise des Juifs belges. ‘’Ce qui alimente le plus la grande crainte pour les Juifs de Belgique, leur envie de départ pour Israël, ce n’est pas la peur des attentats, c’est l’absence de réaction du monde politique par rapport à la montée de l’antisémitisme’’.