PARIS (EJP)—Le Président François Hollande s’adressera lundi soir au 31ème dîner annuel du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), un rendez-vous politique incontournable qui réunira 800 personnes y compris le Premier ministre Manuel Valls et plusieurs membres de son gouvernement dont Bernard Cazeneuve (Intérieur), Najat Vallaud-Belkacem (Education) et Emmanuel Macron (Economie).
Ce rendez-vous ‘’républicain’’, selon le président du CRIF Roger Cukierman, prend la forme d’un dialogue entre le président de la République et les dirigeants de la communauté juive ‘’où nous pouvons exprimer nos sentiments et nos préoccupations’’.
Cette année il sera à nouveau marqué par l’inquiétude quant au niveau préoccupant de l’antisémitisme en France, quatorze mois après la tuerie de l’Hyper Cacher à Paris, qui avait fait quatre morts, et dix ans après l’assassinat barbare d’Ilan Halimi.
‘’Les actes antisémites continuent, les chiffres de 2015 sont pratiquement au même niveau que 2014’’, souligne Roger Cukierman 79 ans, dont ce sera le dernier dîner à la tête de l’institution, son troisième mandat se terminant en mai.
L’antisémitisme n’a que très peu reflué l’an dernier par rapport à l’année précédente, passant de 851 à 808 actions et menaces, selon le Service de protection de la communauté juive (SPCJ).
“Une fois de plus, les juifs, qui représentent moins de 1% de la population totale, sont la cible à eux seuls de 40% des actes racistes commis en France et de 49% des violences racistes aux personnes”, a souligné l’organisme dans son rapport annuel.
Ces dernières années ont été marquées par une intensification de l’émigration des Juifs de France , notamment vers Israël. L’aliyah des Juifs de France a enregistré un record avec 7.900 arrivées en 2015.
Le gouvernement a lancé en 2015 un plan à 100 millions d’euros de lutte contre le racisme et l’antisémitisme, et renforcé la protection des quelque 700 écoles, synagogues et centres communautaires.
Mais beaucoup reste à faire pour lutter contre la diffusion des préjugés et de la haine antisémites sur internet, à l’école, dans les quartiers, et contrer l’influence des discours djihadistes.
Parmi les personnalités qui seront présentes on notera les dirigeants du Conseil français du culte musulman (CFCM).
Ces derniers avaient boudé le dîner 2015 après une déclaration du président du Crif le jour même sur Europe 1 attribuant “toutes les violences” antisémites aux “jeunes musulmans”.
Un an plus tard, les relations entre le CRIF et le Conseil du culte musulman semblent apaisées.
“Depuis l’arrivée à la tête du CFCM d’Anouar Kbibech, nous avons vraiment le sentiment que les choses ont changé”, lançait Roger Cukierman lors d’un récent débat des Amis du CRIF, en se réjouissant que le nouveau dirigeant musulman parle “beaucoup plus clair” que son prédécesseur, Dalil Boubakeur.