PARIS (EJP) —Marine Le Pen , a déclaré qu’elle interdirait “les signes (religieux) ostensibles dans l’espace public” si elle était élue Présidente de la République, y voyant un “sacrifice” nécessaire pour lutter contre l’islam politique. Cette interdiction touchera indistinctement le voile et la kippa.
Dans une interview BMFTV, la Présidente du Front national, parti d’extrême droite et troisième parti de France, a expliqué vouloir étendre à l’espace public la loi de 2004 qui interdit le port de tenues et de signes ostensibles dans les établissements scolaires publics.
Cette loi concerne notamment le voile (du plus au moins couvrant), la kippa et les grandes croix chrétiennes mais n’interdit pas le port de signes discrets.
Marine Le Pen a souligné que cette interdiction ne concernera pas le ” personnel religieux”, qui pourra ”évidemment” être en habit religieux.
Estimant que la France est de moins en moins laïque et souhaitant « conforter l’identité de la France”, la présidente du FN a précisé qu’elle vise à interdire non pas les signes religieux mais ostentatoires dans l’espace public, ainsi que dans les entreprises, ”au nom de la laïcité”.
Lors de sa campagne pour les élections présidentielles de 2012, la chef de file du parti d’extrême droite avait déjà dans sa ligne de mire l’interdiction du voile dans les services publics administratifs.
En septembre 2012, elle avait provoqué un tollé en déclarant vouloir élargir cette interdiction à tout l’espace public, en y ajoutant l’interdiction de porter la kippa : ”Il est évident que si l’on supprime le voile, on supprime la kippa dans l’espace public”.
Richard Prasquier, Président du CRIF à l’époque, avait déclaré que la proposition de Marine Le Pen faisait partie des ”fanatismes de la laïcité, comme il existe des fanatismes religieux”.
Le Président de l’Union des étudiants juifs de France (UEJF), Jonathan Hayoum, était également monté au créneau en affirmant que ”la laïcité a pour esprit de protéger la liberté de culte et non de la restreindre comme veut le faire croire Marine Le Pen”.
Au lendemain de son intervention dans BMFTV, la Présidente du Front national s’est exprimée en direct pour réaffirmer sa proposition, soulignant que ce n’est ” pas une marque d’hostilité mais un acte de défense face à la montée en puissance de l’islam politique, du fondamentalisme islamiste (…) qui cherche à faire pression pour que les lois politiques cèdent face aux lois religieuses”.
“Je sais que c’est un sacrifice, mais je crois que la situation est trop grave aujourd’hui (…) Je pense que chacun des Français, y compris nos compatriotes juifs, peuvent comprendre que si on leur demande un sacrifice pour lutter contre l’avancée de cet islam politique ils feront cet effort, ils le comprendront, j’en suis absolument convaincue parce que ce sera dans l’intérêt supérieur de la nation”, a-t-elle développé.
Meyer Habib, député français de la 8e circonscription des Français de l’étranger, a fustigé ses propos: ”Il y a un problème aujourd’hui avec l’islam politique et militant. Ce n’est pas pour autant qu’il faut mettre dans le même sac toutes les aspirations religieuses et leurs expressions publiques et les considérer comme problématiques”.
Il a ajouté : ”Dire aux Juifs de France qui portent une kippa de la retirer équivaut à leur signifier qu’ils n’ont plus leur place en France aujourd’hui”.