JERUSALEM/PARIS (EJP)—‘’La réunion de Paris restera dans l’histoire comme n’ayant d’autre effet que de durcir les positions palestiniennes et d’éloigner les perspectives de paix’’, a déclaré Emmanuel Nahshon, porte-parole du ministère israélien des Affaires étrangères en réaction à l’’’Initiative de paix au Proche-Orient’’ organisée par la France à Paris vendredi.
Cette réunion, à laquelle ont participé les représentants d’une trentaine de pays et d’organisations, avait pour objectif de tenter de relancer les négociations de paix entre Israéliens et Palestiniens.
Mais pour le porte-parole israélienne il s’agit d’une ‘’occasion manquée qui ne fait qu’ éloigner les perspectives de paix’’.
‘’Au lieu d’exhorter Abbas à répondre aux appels présentés par le Premier ministre afin d’entamer des négociations directes sans délai et sans conditions préalables, la communauté internationale a répondu à la demande d’Abou Mazen et lui a permis de continuer à éviter des négociations directes sur le plan bilatéral et sans conditions préalables’’, a déclaré Emmanuel Nahshon.
Le directeur général du Ministère des Affaires étrangères, Dore Gold, avait insisté sur le fait que l’effort français visant à relancer les négociations de paix ‘’échouera’’.
‘’Il y a cent ans, Sykes et Picot ont essayé d’établir un nouvel ordre au Moyen-Orient. Ce fut à la hauteur du colonialisme dans notre région. Cela a échoué alors et cela échouera aujourd’hui’’, avait -il déclaré à la veille de la conférence ministérielle de Paris.
‘’La seule façon de faire la paix est par des négociations directes sans conditions préalables, avec le soutien des Etats arabes, et non par le biais de conférences à Paris’’, avait-il ajouté.
‘’ Si vous avez un conflit avec un voisin, vous ne voyagez pas jusqu’en France et invitez le Sénégal afin de le résoudre’’, avait-il ironisé.
Lors de la conférence, la communauté internationale a réaffirmé son soutien à la solution de deux états, un Etat israélien et un Etat palestinien et promis de convaincre les deux parties de reprendre les négociations avant la fin de l’année.
Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Marc Ayrault a affirmé la volonté de son pays d’organiser une conférence de paix avec les Israéliens et les Palestiniens d’ici la fin de l’année
La perspective de deux Etats israélien et palestinien est ‘’en grave danger’’ et la situation est proche ‘’d’un point de non retour’’, a-t-il déclaré vendredi.
‘’Il faut agir en urgence pour préserver la solution des deux Etats, la ranimer avant qu’il ne soit trop tard’’.
‘’Les seuls gagnants du statu-quo seront les extrémistes de tous bords’’, a mis en garde le président François Hollande lors de l’ouverture de la conférence.
Dans le communiqué final, les participants à la réunion ‘’ accueillent favorablement l’offre de la France de coordonner les efforts de paix, ainsi que la perspective de tenir avant la fin de l’année une conférence internationale’’.
Les participants se disent ‘’alarmés’’ par ‘’la poursuite des actes de violence et des activités de colonisation’’ dans les territoires palestiniens, ‘’qui mettent en danger’’ toute perspective d’une solution à deux Etats, et estiment que ‘’le statu quo’’ ne peut pas se prolonger.
Ils affirment avoir discuté des moyens par lesquels la communauté internationale peut contribuer à faire avancer le processus de paix, notamment en ‘’offrant des incitations aux deux parties’’.
M. Ayrault a proposé de ‘’ lancer un travail sur les incitations en matière économique, en matière de coopération et de sécurité régionale’’, et ‘’de renforcement des capacités du futur Etat palestinien’’.
‘’Contrairement à l’opinion commune, il n’y a pas de statu quo entre Israéliens et Palestiniens’’, a pour sa part déclaré Federica Mogherini, vice-présidente de la Commission européenne et chef de la diplomatie européenne. ‘’Il y a une détérioration générale de la situation, au niveau de la sécurité d’Israël et des conditions de vie côté palestinien’’, a-t-elle dit lors d’une rencontre avec la presse.
‘’Le premier objectif concret de cette conférence, a indiqué Federica Mogherini, est l’unification de la communauté internationale et des acteurs régionaux’’. ‘’Pour la première fois, les pays arabes de la région sont massivement partie prenante dans ces discussions’’, a-t-elle souligné.
Lors de la conférence, un premier consensus s’est dégagé sur l’initiative arabe de paix de 2002, lancée par l’Arabie Saoudite, qui est souvent revenue dans les discussions.
Cette initiative, évoquée comme une base de travail par le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou, prévoit la normalisation des relations diplomatiques entre 22 pays arabes et Israël, en échange d’un retrait israélien des territoires conquis en 1967.
M.Netnyahou avait indiqué cette semaine qu’il serait prêt à travailler à partir de ce plan tout en le réactualisant avec les nouveaux contextes changés depuis 2002.
‘’Nous sommes prêts à négocier avec les états arabes des révisions de cette initiative pour qu’elle reflète les changements spectaculaires de notre région depuis 2002 [date initiale de la proposition], mais maintienne l’objectif accepté de deux états pour deux peuples’’, avait-il dit.