‘’Partout dans le monde, les communautés orthodoxes de New York, Londres, Manchester, Bnei Brak ou Anvers n’ont ni télévision ni Internet. Ils n’utilisent pas de smartphones mais des téléphones qui sont ‘’casher’’ et utilisés uniquement pour appeler et rien d’autre. Ils ne lisent pas les journaux locaux mais seulement les journaux communautaires, de préférence en yiddish. Ces journaux ne sont pas disponibles ces jours-ci’’.
La communauté juive d’Anvers a enregistré jusqu’à présent trois morts du coronavirus, a déclaré Charly Goldlieb, président de la cellule de crise de la communauté. Il a ainsi rectifié, dans une interview à European Jewish Press, des informations précédentes parues dans les média affirmant que 85% des haredim (ultra- Orthodoxes) à Anvers seraient infectés par le virus et qu’au moins 550 personnes mourraient.
“C’était une mauvaise interprétation d’une interview accordée par le député belge Michael Freilich, lui-même membre de la communauté juive d’Anvers, à un journal”, a expliqué Goldlieb.
Environ 20 000 Juifs vivent à Anvers, la capitale de la région flamande de Belgique.
“Nous avons envoyé des correctifs disant que ses commentaires avaient été mal interprétés. Jusqu’à présent, nous avons au total trois décès dans la communauté juive d’Anvers dus au coronavirus, toutes des personnes âgées. Deux dans la communauté géorgienne et le troisième est l’épouse d’un grand rabbin d’une des communautés ultra-orthodoxes ”, a-t-il déclaré à EJP.
Il a expliqué que le principal problème en ces temps avec les communautés ultra-orthodoxes d’Anvers est la langue – ils ne parlent pas le flamand – et l’accès à l’information.
‘’Partout dans le monde, les communautés orthodoxes de New York, Londres, Manchester, Bnei Brak ou Anvers n’ont ni télévision ni Internet. Ils n’utilisent pas de smartphones mais des téléphones qui sont ‘’casher’’ et utilisés uniquement pour appeler et rien d’autre. Ils ne lisent pas les journaux locaux mais seulement les journaux communautaires, de préférence en yiddish. Ces journaux ne sont pas disponibles ces jours-ci’’.
Pendant la première semaine de la crise, ils n’étaient pas conscients du danger et ont continué à prier dans les minyanim et dans les yeshivot, ‘’jusqu’à ce que nous transmettions le message dans une langue qu’ils comprennent’’.
‘’Au début de la crise, ils étaient très vulnérables. Nous avons traduit tous les documents officiels en yiddish et en hébreu et nous les avons publiés dans tous les magasins d’alimentation casher. Suite à cela, les principaux rabbins des deux principales communautés de haredim, Shomrei Hadas et Machsike Hadas, ont réalisé des vidéos largement publiées sur whatsapp pour avertir la communauté.
Depuis lors, la population a suivi les mesures de sécurité ordonnées par le gouvernement’’.
Goldlieb a déclaré que sa cellule est en contact constant avec le gouverneur de la province d’Anvers, ” qui est une très bonne amie de la communauté juive’’, et a de très bonnes relations avec la police. “Nous ne demandons certainement pas à la police de ne pas intervenir au sein de la communauté, bien au contraire”, a-t-il déclaré. La police belge a reçu l’ordre de contrôler que les citoyens respectent les mesures gouvernementales dans le cadre du confinement ordonné jusqu’au 19 avril.
En vue de la fête de Pessa’h, Goldlieb a lu un message en anglais sur Radio Judaica, la radio juive: ” Veuillez rester à la maison, n’allez pas à la synagogue. Même si le seder de Pessa’h est si important, ne le faites que dans le cadre de plus petit cadre familial possible’’.
‘’Presque tous les magasins casher sont ouverts dans la ville et des livraisons à domicile sont organisées par des volontaires pour ceux qui en ont besoin’’, explique Regina Sluszny, présidente du Forum des organisations juives, l’organisation représentative des Juifs de Flandre. Elle a noté qu’il n’y avait jusqu’à présent aucune pénurie de nourriture.
Habituellement, pour Pessa’h, de nombreux Juifs orthodoxes d’Anvers se rendent dans leurs familles en Israël, aux États-Unis ou au Royaume-Uni.Mais cette fois, ils doivent restés chez eux à Anvers.
La Belgique est en confinement pour la crise des coronavirus depuis le 18 mars. Vendredi dernier, le Conseil de sécurité nationale du pays a décidé de prolonger les mesures de confinement de deux semaines jusqu’au 19 avril, après que la France ait appliqué le même délai quelques heures plus tôt.
S’il n’y a pas de diminution du nombre d’admissions à l’hôpital au 19 avril, le confinement restera en vigueur jusqu’au 3 mai.
Le CSN, qui rassemble le Premier ministre, des députés, des ministres, des représentants des entités fédérées, des chefs des services de sécurité et des scientifiques, devait évaluer les différentes mesures d’urgence prises pour lutter contre le COVID-19, ainsi que leur durée.
‘’Il est beaucoup trop tôt pour dire que l’épidémie est sous contrôle. Nos efforts ne font que commencer. Si nous les diminuons, les conséquences pourraient être dramatiques. C’est pourquoi les mesures prises seront prolongées jusqu’au 19 avril et pourront être prolongées jusqu’au 3 mai ‘’, a déclaré la Première ministre belge Sophie Wilmès.
Les citoyens sont tenus de rester à la maison, sauf pour les déplacements essentiels tels que le travail, aller chez le médecin ou acheter de la nourriture.
Plus de 800 personnes sont mortes dans le pays depuis le début de l’épidémie.