PARIS (EJP)—Trois jour après un rassemblement à Paris pour dire ”la haine des Juifs ça suffit”, un homme de 59 ans a déposé plainte vendredi pour agression antisémite, indiquent les médias français.
L’homme, qui porte la kippa, affirme avoir été insulté et frappé la veille dans la capitale par trois hommes qui lui ont dessiné une croix gammée sur la poitrine.
Selon le Bureau national de vigilance contre l’antisémitisme (BNVCA), cet enseignant habitant à Saméon (Nord) sortait jeudi soir d’un restaurant cacher de la rue Manin, dans le XIXe arrondissement de Paris lorsqu’il a été suivi et rapidement insulté par trois hommes d’une vingtaine d’années.
Ces jeunes lui ont crié ‘’mort aux juifs, sale juif, sale fils de pute, ainsi que des expressions en langue arabe qu’il n’a pas comprises’’.
Les trois agresseurs lui ont ensuite asséné de nombreux coups au visage avant d’ouvrir sa chemise pour dessiner sur sa poitrine avec un marqueur un semblant de croix gammée, a expliqué une source proche de l’enquête.
Selon le BNVCA, c’est l’arrivée sur les lieux d’une personne âgée qui a mis en fuite les agresseurs décris par la victime comme des jeunes ‘’mesurant 1,70 à 1,80 m, portant des casquettes de couleur claire, vêtus d’un jean et d’origine nord-africaine’’.
L’homme a été a été transporté à l’hôpital, où de nombreuses lésions au visage ont été constatées. Une enquête est en cours pour retrouver les trois agresseurs.
‘’L’affaire est prise très au sérieux’’, a expliqué une source proche de l’enquête.
Le maire de Paris Bertrand Delanoë a condamné l’agresion. ‘’Cet acte d’une lâcheté inqualifiable constitue une trahison des fondements de la République et des valeurs de Paris’’, a-t-il écrit dans un communiqué.
Dans un communiqué, le BNVCA dit constater une recrudescence des violences anti-juives depuis que les affaires dieudonnistes ont été révélées et ‘’notamment depuis la grande manifestation antisémite Jour de colère du 26 janvier 2014’’.
Selon les données du rapport annuel du Service de protection de la communauté juive (SPCJ), présenté le mois dernier, le nombre d’actes antisémites recensés en 2013 a diminué de 31% par rapport à 2012, année ‘’hors norme en matière d’antisémitisme’’ mais il est supérieur de 9 points à celui de 2011 pourtant ‘’déjà très préoccupant’’.
Selon les statistiques publiées par le SPCJ sur Facebook, certains arrondissements parisiens concentraient en 2013 le plus grand nombre d’actes antisémites, notamment le XVIe et le XIXe (12 agressions chacun), XIe (9) et le XXe (8).
Il y a trois jours, deux ans après la tuerie de Toulouse, près de 10.000 personnes s’étaient rassemblées sur l’Esplanade du Trocadéro à Paris pour dire ‘’la haine des Juifs ça suffit’’, à l’appel du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRF).
A cette occasion, le ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, appelait à ‘’être lucide’’,à ‘’réfléchir’’ et à‘’résister’’ face à l’antisémitisme. ’Les actes antisémites sont le fait d’une partie de l’extrême droite française mais l’antisémitisme se nourrit aussi de l’antisionisme’’, avait-il déclaré.
‘’Il se nourrit dans nos quartiers populaires des ambiguïtés sur l’Etat d’Israël’’, a-t-il ajouté.
A Toulouse, lors d’une cérémonie similaire, le Premier ministre français Jean-Marc Ayrault avait affirmé la détermination de son gouvernement à combattre ‘’sans relâche’’ les actes racistes et antisémites’’.
’La responsabilité du gouvernement de la République est de rappeler que le racisme et l’antisémitisme ne sont pas des opinions, mais des délits, et que ceux qui s’y livrent n’ont pas leur place dans les médias ou sur la place publique mais devant les tribunaux’’.
